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Quand j’étais petite, je confondais le brun et le gris
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En 1976, j’avais 5 ans et c’était l’un des pires étés de ma vie
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Quand j’étais petite, j’allais dans une garderie haïtienne
En 1976, ma mère est tombée dans un coma qui a duré 3 semaines et mon père ne m’a jamais vraiment expliqué ce qui ce passait. J’étais donc une petite fille perdue et triste. Et c’est à la garderie dans les bras de mademoiselle Camille que je trouvais du réconfort. C’est sa douceur et sa gentillesse qui ont mis du baume sur mes inquiétudes. Et je me rappelle de ce soir où après une grande crise de larme, M. Thomas, le propriétaire de la garderie avait pris sur lui de parler à mon père. Quelques jours plus tard, je retrouvais ma mère vivante à l’hôpital. Enfin des réponses! Je ne saurai jamais ce qui a été dit à mon père mais je sais que c’est cette intervention additionnée à celle du médecin de ma mère m’ont permis de la retrouver.
Depuis pour moi, les haïtiens sont synonymes de réconfort. La petite fille en moi ne pourra jamais oublier cet oasis qui m’a été donné au milieu de la tempête de mes 5 ans.
D’ailleurs, j’ai toujours eu ce sentiment protecteur envers mes amis haïtiens, une sorte d’intolérance à la bêtise humaine. Quand les gens me disaient : « Tu vas à la garderie avec tes p’tits amis noirs?? ». Je ne comprenais pas pourquoi les adultes s’acharnaient à dire qu’ils étaient noirs alors que leur peau avait cette belle couleur brune donc je les corrigeais systématiquement : « Ils ne sont pas noirs, ils sont gris! ». Je voulais dire qu’ils étaient bruns mais comme je confondais les couleurs, je disais gris!
C’était mes amis, mes protecteurs et je voulais qu’on prenne soin d’eux comme ils avaient pris soin de moi. Et je l’ai fait toute ma vie à toutes les fois où j’ai pu.
Depuis mercredi matin, je suis agglutinée à mon téléviseur, à Internet et aux journaux. Et j’essaie de comprendre. Je sais qu’il n’y a pas de réponse. Que la seule réponse est celle que m’ont enseignée les gens de ce pays : si tout s’écroule, on reconstruit. Un point, c’est tout.
Alors encore une fois, je veux retourner une partie du réconfort qu’ils m’ont donné quand moi je ne savais pas où était ma maman. Je veux que personne n’oublie qu’ils auront besoin d’aide pas seulement maintenant mais aussi dans les mois, les années à venir.
Haïti, c’est mon amie. Alors, je fais ce que je peux. J’ai fait un don et je veux que vous fassiez de même. Je vous le demande. Aidez-moi à les réconforter à mon tour.
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Haïti, je t’aime.